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Parole de spécialiste — 7 minutes

Le vaccin VPH, pour qui et quand?

26 septembre 2024

Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Raymond Lepage, Ph. D., Docteur en biochimie
Vulgarisateur scientifique

Depuis le 1er octobre 2024, le gouvernement du Québec a élargi la vaccination gratuite contre le virus du papillome humain (VPH) à tous les jeunes de 20 ans ou moins. Auparavant, cette gratuité s’appliquait uniquement aux personnes de 17 ans ou moins [1]. Cette mise à jour du programme d’immunisation du Québec est une excellente occasion de rappeler ce qu’est le VPH et l’importance de se faire vacciner pour diminuer les conséquences néfastes qu’il peut entraîner chez les personnes de tous genres.

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Le virus du papillome humain (VPH)

La famille des VPH regroupe plus de 100 types, dont 40 pouvant infecter les voies génitales. Certains types, dits « à faible risque de cancer » entraînent la formation de verrues cutanées ou anogénitales bénignes (condylomes) ou de verrues dans les voies respiratoires (papillomatose respiratoire). En revanche, les types « à haut risque de cancer » sont associés à plusieurs cancers, tels que le cancer du col de l’utérus, de la vulve et du vagin chez la femme, du pénis chez l’homme et de la bouche, de la gorge et de l’anus chez les personnes des deux sexes [2].

Les différents types de VPH sont identifiés par un numéro. Plus de 40 génotypes peuvent causer des infections génitales. Parmi ceux-ci, 14 sont associés au cancer du col de l'utérus et les types 16 et 18 sont les plus inquiétants. Du côté des types à faible risque, les VPH 6 et 11 sont responsables de la majorité des verrues anogénitales [3].

On estime que 75 % de la population canadienne active sexuellement contractera au moins un VPH au cours de sa vie [4]. Cette haute prévalence s’explique par la contagiosité élevée du virus : un contact peau à peau au niveau de la région anogénitale ou orale, même sans pénétration, suffit souvent pour transmettre le virus. Par ailleurs, compte tenu de la grande diversité des types de VPH et du fait que ce virus, ne tuant pas les cellules, ne déclenche pas de réaction immunitaire protectrice à long terme, une personne peut être infectée par plusieurs types de VPH au cours de sa vie ou même être infectée par le même génotype à plus d’une reprise.

Peut-on traiter une infection au VPH?

La plupart des lésions reliées au VPH apparaissent et disparaissent grâce à une réponse immunitaire en quelques semaines ou en quelques années. Cependant, les VPH peuvent être présents sans créer de lésions et donc passer totalement inaperçus. Bien que certaines lésions engendrées par le VPH, comme les verrues anogénitales ou les lésions précancéreuses de la vulve, puissent être traitées, il n’existe actuellement aucun traitement efficace pour éradiquer l’infection elle-même [5]! Mis à part l’absence de toute activité sexuelle, la vaccination demeure le seul moyen efficace de se protéger contre une infection au VPH. Le préservatif peut offrir une bonne protection, mais il doit être porté dès le début et pendant toute la durée des contacts sexuels, y compris pour les zones non couvertes, ce qui limite son efficacité.

Par ailleurs, le tabagisme peut augmenter les risques de développer le cancer du col de l’utérus. Il est donc recommandé d’arrêter de fumer. Enfin, les personnes immunosupprimées nécessitent une surveillance périodique pour éviter que des lésions peu symptomatiques ne se transforment en cancers.

Vaccins contre le VPH

Depuis l’homologation du premier vaccin contre le VPH en 2006 [6], la composition des vaccins et les protocoles d’administration ont évolué. Les vaccins offrent désormais une protection contre un nombre croissant de génotypes. En 2024, le Québec priorise le vaccin qui couvre les VPH à faible risque (6 et 11) ainsi que sept VPH à haut risque (16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58). Le programme de vaccination est adapté en fonction de l’âge et d’autres facteurs de risque [7].

Qui devrait se faire vacciner contre le VPH?

La vaccination contre le VPH est recommandée pour toutes les personnes âgées de 9 à 45 ans, et même au-delà, selon les facteurs de risque. Voici les principaux groupes cibles :

  1. Les personnes âgées de 9 à 20 ans, idéalement avant les premières relations sexuelles;
  2. Les hommes de 26 ans et moins qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes;
  3. Les personnes de 21 à 45 ans qui sont immunodéprimées ou atteintes du virus de l’immunodéficience humaine (VIH).

Ces trois groupes sont admissibles gratuitement au programme de vaccination au Québec.

Le Québec recommande également la vaccination pour toutes les personnes de 21 à 45 ans qui sont actives sexuellement. Le vaccin peut être administré pendant la grossesse, mais la majorité des personnes attendront la fin de celle-ci avant de compléter leur vaccination. Pour les personnes de plus de 20 ans, il est recommandé de prendre une décision avec un professionnel de la santé [8].

Vaccination après 45 ans

En général, le Comité sur l’immunisation du Québec ne recommande pas la vaccination contre le VPH après 45 ans. Le Comité consultatif national de l’immunisation, quant à lui, n'a pas fixé d’âge maximal pour la vaccination.

Le vaccin anti-VPH est moins efficace contre les génotypes de VPH qui sont déjà présents chez une personne mais protège une proportion importante de personnes porteuses de développer des lésions [9]. Son efficacité se manifeste surtout si les personnes sont exposées à de nouveaux VPH. C’est pourquoi il est le plus efficace lorsqu’administré avant les premières relations sexuelles.

C’est notamment pour cette raison que, bien que la vaccination ne soit pas recommandée ni offerte gratuitement aux personnes de plus de 45 ans, le vaccin demeure autorisé pour cette tranche d’âge. Cela permet à celles qui le souhaitent de réduire leur risque de contracter de nouvelles infections par des VPH ciblés par les vaccins [8].

Mise en garde :

Bien que la vaccination anti-VPH soit sûre et efficace, elle ne protège pas parfaitement contre les neuf génotypes les plus fréquents ni contre les autres, beaucoup plus rares, mais également susceptibles de provoquer des cancers. Par conséquent, malgré la vaccination, il est essentiel que les femmes continuent de réaliser des tests de dépistage pour prévenir le cancer du col de l’utérus [10].

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Sources10
  1. Véronique Prince. « VPH: Québec offre le vaccin gratuitement aux femmes et aux hommes de moins de 20 ans », Radio-Canada, 24 septembre 2024. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2106775/vaccin-virus-papillome-humain-cancer-uterus (source consultée le 26 septembre 2024).
  2. Ministère de la Santé et des Services sociaux. « Virus du papillome humain (VPH)», https://www.quebec.ca/sante/problemes-de-sante/itss/virus-du-papillome-humain-vph#c1318 (source consultée le 26 septembre 2024).
  3. Sheldon R. Morris. « Infection par le papillomavirus humain (HPV) », Le Manuel MSD. https://www.msdmanuals.com/fr/professional/maladies-infectieuses/infections-sexuellement-transmissibles/infection-par-le-papillomavirus-humain-hpv#%C3%89tiologie_v1023792_fr (source consultée le 26 septembre 2024).
  4. Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. « Qu’est-ce que le VPH », InfoVPH.ca, https://www.hpvinfo.ca/fr/what-is-hpv/ (source consultée le 26 septembre 2024).
  5. Société canadienne du cancer. «Virus du papillome humain», https://cancer.ca/fr/cancer-information/reduce-your-risk/get-vaccinated/human-papillomavirus-hpv (source consultée le 26 septembre 2024).
  6. MSSS. «Programme de vaccination contre les infections par les virus du papillome humain (VPH) – Admissibilité», https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/vaccination/programme-de-vaccination-contre-les-infections-par-les-vph/admissibilite (source consultée le 26 septembre 2024).
  7. MSSS. « VPH: Vaccin contre les virus du papillome humain », https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/vaccination/piq-vaccins/vph-vaccin-contre-les-virus-du-papillome-humain/ (source consultée le 26 septembre 2024).
  8. Santé Canada. « Vaccins contre le virus du papillome humain (VPH): Guide canadien d’immunisation », https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/guide-canadien-immunisation-partie-4-agents-immunisation-active/page-9-vaccin-contre-virus-papillome-humain.html (source consultée le 26 septembre 2024).
  9. INSPQ. « Vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) des femmes vues en colposcopie », https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2292_vaccination_contre_virus_papillaume_humain_vues_colposcopie.pdf (source consultée le 26 septembre 2024).
  10. Québec. «Dépistage du cancer du col de l’utérus», https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/depistage-et-offre-de-tests-de-porteur/depistage-du-cancer-du-col-uterus (source consultée le 26 septembre 2024). .