Parole de spécialiste — 9 minutes
Qu'est-ce qu'un trouble du comportement en sommeil paradoxal?
Le trouble du comportement en sommeil paradoxal (TCSP) est une parasomnie se manifestant par des mouvements anormaux ou perturbateurs pendant le sommeil paradoxal (sommeil des rêves), contrairement au somnambulisme qui se produit plus tôt, lors de la phase de sommeil lent profond.
Comme ce trouble est rare, peu d’études ont été réalisées sur sa prévalence. On estime qu’il touche de 1 à 2 % de la population générale[1], souvent après 50 ans.
Symptômes
Habituellement, pendant le sommeil paradoxal, une période propice aux rêves, le corps est incapable de bouger. Les personnes atteintes d’un TCSP n’ont pas cette atonie (paralysie) musculaire et peuvent adopter des comportements, souvent violents, qui correspondent habituellement à la thématique de leur rêve.
Ainsi, elles se mettront à parler, à crier, à gesticuler, voire à donner des coups, ce qui peut entraîner des blessures chez elles ou chez leur partenaire de lit. Si on les réveille, elles se souviendront que leurs comportements étaient associés à leur rêve – elles essayaient de sauver quelqu’un en danger, par exemple.
Causes
Le TCSP serait causé par une altération de certains systèmes neuronaux situés dans le tronc cérébral, qui inhibent l’activité musculaire pendant le sommeil paradoxal. Ce dysfonctionnement pourrait être dû à l’usage d’antidépresseurs, au sevrage d’alcool ou de médicaments sédatifs, mais aussi à des atteintes du tronc cérébral, comme des lésions (AVC, tumeur) ou des maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson. Le TCSP n’a parfois aucune cause connue – on parle alors de TCSP idiopathique.
Par ailleurs, les études tendent maintenant à démontrer que la présence du TCSP constitue un facteur prédictif d’une maladie neurodégénérative comme la maladie de Parkinson, la démence à corps de Lewy et l’atrophie multisystématisée[2]. Selon une étude, plus de 70 % des sujets souffrant d’un TCSP idiopathique ont développé une de ces maladies pendant les 12 ans de suivi[3].
On retrouve parfois le TCSP suite à un choc post-traumatique et l’infection à COVID-19 serait également un nouveau facteur de risque. Ceci demeure toutefois à confirmer par d’autres études.
Diagnostic
Un trouble du comportement en sommeil paradoxal peut être suspecté lorsqu’une personne ou son partenaire rapporte des incidents pendant le sommeil, notamment des blessures. Une polysomnographie peut habituellement confirmer le diagnostic en détectant une activité motrice excessive au cours du sommeil paradoxal; une surveillance audiovisuelle permet de constater les mouvements anormaux du corps et les vocalisations. Un examen neurologique sera ensuite effectué pour écarter les troubles neurodégénératifs.
Traitement
Le traitement du trouble du comportement en sommeil paradoxal combine la médication et la prévention des blessures. On prescrit généralement du clonazépam pour éliminer les comportements violents durant le sommeil ou, parfois, de la mélatonine, car ses effets secondaires sont moins importants. La plupart des patients doivent prendre ces médicaments à vie pour éviter les évènements.
La mise en place d’un environnement de sommeil sécuritaire pour la personne atteinte et son partenaire est également importante pour éviter les blessures. On suggère notamment de placer le matelas sur le sol, de rembourrer les coins des meubles, de protéger les fenêtres et de retirer de la chambre les objets potentiellement dangereux, comme les objets contondants. En outre, il peut être prudent pour le partenaire de dormir dans une autre pièce jusqu'à ce que les symptômes de TCSP soient contrôlés.
Pour du soutien professionnel, nous sommes là
Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer les troubles du sommeil et à déterminer le traitement approprié.
- Polysomnographie niveau 1-AASM (en laboratoire)
- Test de sommeil à domicile
- Services de soins du sommeil
- Programme en hygiène de sommeil
- Boutique en ligne
Vous avez des questions sur un équipement? Clavardez avec nos inhalothérapeutes.
Sources3
- Roguski, Amber, Dane Rayment, Alan L. Whone, Matt W. Jones et Michal Rolinski. « A Neurologist's Guide to REM Sleep Behavior Disorder », Frontiers in Neurology, 8 juillet 2020, https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fneur.2020.00610/full
- Iranzo A, A. Fernández-Arcos A, E. Tolosa, M. Serradell, J.L. Molinuevo, F. Valldeoriola et coll. « Neurodegenerative Disorder Risk in Idiopathic REM Sleep Behavior Disorder: Study in 174 Patients », PLoS ONE, vol. 9, no 2, p. e89741, 2014, https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0089741
- Posthuma, Harold, Alex Iranzo, Michele Hu et coll. « Risk and predictors of dementia and parkinsonism in idiopathic REM sleep behaviour disorder: a multicentre study », Brain, vol. 142, no 3, p. 744-759, mars 2019, https://doi.org/10.1093/brain/awz030