Parole de spécialiste — 10 minutes
Qu’est-ce qu’un trouble du rythme circadien ?
La plupart des personnes se réveillent avec le soleil et s’endorment quand la nuit tombe. C’est le rythme circadien qui gère cette alternance entre la veille et le sommeil en se synchronisant avec le cycle de lumière et d’obscurité de la Terre. Le dérèglement de ce rythme biologique perturbe le sommeil. Les personnes qui souffrent d’un trouble du rythme circadien ne dorment pas au bon moment ou ont du mal à s’astreindre à un horaire précis. Elles peuvent éprouver une grande fatigue pendant les périodes d’éveil ou des insomnies pendant les périodes de sommeil.
Causes
Les troubles du sommeil liés au rythme circadien sont causés par une perturbation occasionnelle ou continue des habitudes de sommeil. Cette perturbation peut résulter de facteurs internes, comme des lésions cérébrales, la cécité ou des changements hormonaux, ou de facteurs externes qui affectent le moment et la durée du sommeil :
- activités physiques intenses;
- vie nocturne festive;
- décalage horaire;
- hospitalisation ou confinement au lit;
- manque d’exposition à la lumière du soleil;
- travail de nuit ou à horaire variable;
- prise de certains médicaments.
Conséquences
Décalées par rapport au rythme normal, les personnes touchées doivent parfois se priver de sommeil pour respecter leurs obligations sociales ou professionnelles. Par exemple, un jeune qui se couche toujours tard en raison d’un trouble du rythme circadien peut être obligé de se lever tôt pour ses cours, ce qui réduit la durée totale du sommeil. Cette dette de sommeil est souvent à l’origine d’une grande fatigue, d’une perte de concentration, d’attention et d’énergie et de troubles de l’humeur.
De récentes études [1, 2¸] suggèrent que le dérèglement du rythme circadien pourrait aussi être associé à des problèmes psychologiques et de santé mentale, comme la dépression et les troubles bipolaires. Mais les auteurs restent prudents : si les résultats montrent les effets des rythmes circadiens sur la santé mentale, les recherches dans ce domaine n’en sont qu’à leurs balbutiements.
Types de troubles du rythme circadien et symptômes
Retard de phase du sommeil. Ce trouble touche davantage les adolescents et les jeunes adultes. Le sommeil a alors tendance à se décaler : l’endormissement et le réveil surviennent plus de deux heures après le cycle normal (3 h du matin et 10 h du matin, par exemple). La personne peut avoir une quantité et une qualité de sommeil normales, mais elle a du mal à s’endormir et à se réveiller à des heures compatibles avec les obligations du quotidien.
Avance de phase du sommeil. Ce trouble touche davantage les personnes âgées. L’endormissement et le réveil surviennent beaucoup plus tôt (au moins 2 h, souvent plus) que l’horaire normal. Bien qu’elles puissent avoir une quantité et une qualité de sommeil normales, les personnes qui en souffrent ont du mal à rester éveillées tôt en soirée (de 18 à 21 h) et se réveillent précocement (de 2 à 5 h le matin).
Rythme irrégulier de veille-sommeil. Ce trouble se caractérise par des périodes de sommeil variables. Le sommeil est fragmenté en courtes périodes tout au long de la journée et de la nuit. Au total, la personne peut avoir une quantité de sommeil normale, mais la nature fragmentée du sommeil peut la perturber et avoir des répercussions sur sa vie sociale. Il touche davantage les personnes âgées, surtout dans les centres de soins où elles ont peu d’exposition à des repères temporels tels que la lumière, les activités de la vie quotidienne et les horaires structurés.
Syndrome du libre cours. Ce trouble, aussi appelé syndrome hypernycthéméral, fait en sorte que l’endormissement et le réveil sont continuellement et progressivement décalés d’une quinzaine de minutes par rapport à l’horaire normal. L’alternance veille-sommeil n’est pas liée au cycle de 24 h, mais à une période légèrement plus longue. Cela signifie que la personne s’endort et se réveille un peu plus tard chaque jour. Ce trouble touche davantage la population aveugle, car la lumière du jour aide généralement à réguler le cycle veille-sommeil.
Trouble du sommeil lié au travail posté. Ce trouble affecte principalement les personnes qui effectuent un travail de nuit ou ont un horaire variable. Comme leurs heures de travail ne correspondent pas toujours à leur rythme circadien, elles peuvent éprouver une envie irrésistible de dormir au travail et une incapacité à dormir au moment voulu. Et lorsqu’elles dorment, la qualité de leur sommeil est souvent médiocre, entraînant fatigue, épuisement, maux de tête, problèmes de concentration et irritabilité. On estime qu’au moins le quart des travailleurs ayant un horaire atypique souffrent de ce trouble. [3]
Décalage horaire. Le décalage horaire se produit lorsqu’une personne traverse plus de trois fuseaux horaires. Comme son horloge interne est encore basée sur le fuseau horaire d’origine, elle peut éprouver une forte envie de dormir pendant la journée et un niveau de vigilance indésirable au moment du coucher. Ce trouble est temporaire: on estime que le corps a besoin d’une journée pour s’adapter à chaque fuseau horaire traversé. Le décalage horaire peut affecter toute personne qui voyage en avion, mais les symptômes peuvent être plus graves et durer plus longtemps lorsqu'une personne voyage en direction de l’est et chez les personnes âgées en général.
Diagnostic
Souvent confondus avec d’autres troubles du sommeil, comme l’insomnie, les troubles du rythme circadien peuvent être difficiles à diagnostiquer et nécessitent souvent la consultation d’un spécialiste du sommeil. Pour bien cerner le problème, il peut être utile de tenir un journal pendant deux ou trois semaines pour y indiquer ses heures de lever et de coucher et décrire ses symptômes ainsi que leurs conséquences sur la vie quotidienne.
Une actimétrie peut également être effectuée à l’aide d’un capteur (généralement porté au poignet) qui enregistre les mouvements du corps pendant quelques jours. Cet examen aide les professionnels de la santé à détecter un dérèglement du rythme circadien du sommeil, car il permet d’analyser le rythme veille-sommeil, ses décalages de phases et d’évaluer la qualité et la quantité de sommeil. D’autres outils, comme la mesure de la mélatonine, peuvent aussi être utilisés en fonction du type de trouble. [4]
Traitements
Les traitements des troubles du rythme circadien dépendent du type de trouble et de sa gravité. La plupart des plans de traitement comprennent une combinaison d’approches, dont les plus courantes sont les suivantes.
Changements d’habitudes. Cette approche vise à améliorer le sommeil en modifiant certaines habitudes de vie (exposition à la lumière du jour, horaire de la routine quotidienne, planification des siestes) et en développant une bonne hygiène du sommeil.
Luminothérapie. L’exposition à une lumière intense (de 2 000 à 9 500 lux), dont la durée et le moment varie en fonction du trouble, aide à synchroniser l’horloge circadienne avec le cycle de lumière et d’obscurité de la Terre. Par exemple, les travailleurs par quarts devraient y être exposés avant de partir travailler alors que le port de lunettes de soleil en revenant réduit l’exposition à la lumière et peut favoriser le sommeil à leur retour.
Médicaments. La prise de mélatonine, une hormone qui aide à réguler le rythme circadien, peut être utile pour favoriser l’endormissement. Des agents favorisant l’éveil ou la caféine ainsi que des somnifères peuvent également être utilisés sur une courte période pour ajuster le cycle veille-sommeil à l’horaire souhaité.
Pour du soutien professionnel, nous sommes là.
Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer les troubles du sommeil et à déterminer le traitement approprié.
Vous avez une ordonnance médicale en main pour un de ces tests? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2713.
- Antúnez, J.M. « Circadian typology is related to emotion regulation, metacognitive beliefs and assertiveness in healthy adults », PLoS ONE, vol. 15, no 3, e0230169, 13 mars 2020. DOI: 10.1371/journal.pone.0230169
- Harry Pantazopoulos, Jason T. Wiseman, Matej Markota, Lucy Ehrenfeld, Sabina Berretta. « Decreased Numbers of Somatostatin-Expressing Neurons in the Amygdala of Subjects With Bipolar Disorder or Schizophrenia: Relationship to Circadian Rhythms », Biological Psychiatry, 2016; DOI: 10.1016/j.biopsych.2016.04.006
- Pallesen, Stale, Bjorn Bjorvatn, Siri Waage, Anette Harris et Dominic Sagoe. « Prevalence of Shift Work Disorder: A Systematic Review and Meta-Analysis », Frontiers in Psychology, 23 mars 2021. DOI: 10.3389/fpsyg.2021.638252
- Taillard, Jacques et Eric Mullens. « Les outils validés pour le diagnostic des troubles du rythme circadien veille-sommeil (TRCVS) chez les adultes et enfants », La Presse Médicale, vol. 47, nos 11-12 (1re partie), pages 977-981, 2018. DOI: 10.1016/j.lpm.2018.10.017