Parole de spécialiste — 10 minutes
La ménopause : mieux comprendre cette étape de la vie
13 août 2024
La ménopause est une étape de la vie de toute femme. Voici un résumé de son déroulement ainsi que des informations sur cette période souvent banalisée, mais au cours de laquelle votre corps (et votre esprit) se transforme. Sur cette page, vous trouverez réponse aux questions suivantes :
- Qu’est-ce que la ménopause et quelles en sont les caractéristiques (épidémiologie)?
- Quelles sont les causes de la ménopause?
- Quels sont les termes employés pour faire référence à cette période et à quoi correspondent-ils?
- Quels sont les symptômes et les complications possibles de la ménopause?
- Quels sont les traitements proposés?
Maîtriser le vocabulaire de la ménopause
La ménopause se définit par une période de 12 mois consécutifs sans menstruations, appelée aménorrhée. Elle survient à la suite de la baisse du taux d’hormones nécessaire à la bonne marche de l’activité ovarienne, sans autre cause évidente (elle est dite spontanée). L’âge moyen de la ménopause est de 51 ans et varie entre 46 et 56 ans. La ménopause correspond à l’arrêt définitif des menstruations, mais le diagnostic de certitude est uniquement établi de façon rétrospective, un an après les dernières règles [1, 2, 3].
La ménopause est dite « induite » lorsqu’elle survient après une chirurgie de retrait (exérèse) des ovaires ou lors de l’arrêt forcé de la fonction ovarienne (dans le cadre d’une chimiothérapie ou d’une radiothérapie pour traiter un cancer). Lorsqu’elle survient avant l’âge de 40 ans, on parle de ménopause précoce [4].
Il s’agit de la période qui débute avec les premiers signes cliniques, biologiques et endocrinologiques, incluant les symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur et sueurs) et l’irrégularité menstruelle, et se termine 12 mois après les dernières règles. La périménopause n’a lieu que dans le cas d’une ménopause spontanée (non induite) [4]. Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes affectent jusqu’à 85 % des femmes; leur durée varie d’une femme à l’autre et est en moyenne de moins de 5 ans, mais peut parfois persister après l’âge de 60 ans. Ces manifestations sont maximales dans l’année qui suit la dernière période de règles (avant que le diagnostic de ménopause soit officiellement posé). L’obésité, le tabagisme et parfois la consommation de boissons chaudes ou d’alcool peuvent augmenter la fréquence ou l’intensité de ces manifestations [4, 5].
La cause de la ménopause
La cause de la ménopause est l’arrêt de la fonction de reproduction assurée par les ovaires, induisant une baisse du taux d’œstrogènes. La transition entre la période de fertilité et la postménopause (périménopause) débute habituellement avec l’espacement des cycles menstruels et l’apparition de signes associés, comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, la sécheresse vaginale, l’urgence mictionnelle (envies pressantes d’uriner) et les infections urinaires répétitives, ayant un impact sur la sexualité et la qualité de la vie. Les troubles du sommeil fréquents peuvent provoquer de l’insomnie, de la fatigue, de l’irritabilité et des troubles de la mémoire et de la concentration. Les maux de tête (céphalées) et les migraines peuvent s’intensifier, et des douleurs osseuses et musculaires complètent le tableau. Les symptômes accompagnant la ménopause sont souvent associés à la prise de poids, mais il faut ajouter l’âge et l’arrêt progressif de la fonction ovarienne (et de la sécrétion d’œstrogènes) pour expliquer l’augmentation de l’indice de masse corporelle (et du poids) [1, 3, 6, 7, 8, 9].
Comprendre les étapes de la ménopause
Il s’agit de la période de fertilité (possibilité d’être enceinte), qui s’étend des premières (ménarche) jusqu’aux dernières menstruations (ménopause).
Il s’agit de la période qui débute avec les premiers signes cliniques, biologiques et endocrinologiques, incluant les symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur et sueurs) et l’irrégularité menstruelle, et se termine 12 mois après les dernières règles. La périménopause n’a lieu que dans le cas d’une ménopause spontanée (non induite).
Il s’agit de la période précédant les dernières règles, lorsque la variabilité du cycle ovarien (période entre 2 cycles de règles/menstruations) augmente.
C’est le temps écoulé depuis les dernières règles (précédant la période d’un an sans règles). Les saignements survenant après cette période ne sont pas physiologiques et doivent faire l’objet d’un bilan médical [1, 3, 4].
Reconnaître les symptômes et les signes de complications de la ménopause
Jusqu’à la survenue de la ménopause, le risque cardiovasculaire (infarctus du myocarde, AVC – accident vasculaire cérébral) est habituellement moindre chez la femme que chez l’homme du même âge en raison de l’effet protecteur des hormones féminines. Puis, lorsque le taux d’œstrogènes dans le sang diminue avec l’apparition des premiers signes de ménopause, le risque de complications cardiovasculaires des femmes rejoint celui des hommes. Il faut alors ajouter les risques reliés aux symptômes accompagnant la ménopause comme l’obésité/le surpoids et ses complications (diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie) et l’apnée du sommeil.
L’ostéoporose, définie par une fragilité osseuse prédisposant aux fractures, augmente avec l’âge, mais cette maladie devient plus fréquente après la ménopause et est influencée par les antécédents personnels de fractures de fragilité (fractures de fatigue, etc.), les antécédents parentaux de fracture de la hanche, le tabagisme non sevré et l’utilisation de corticoïdes (à base de cortisone).
Les troubles du sommeil sont fréquents et peuvent conduire à des complications telles que des troubles de l’humeur, voire une dépression, de la fatigue chronique, une diminution de la qualité de vie, un absentéisme professionnel, un brouillard cérébral entraînant des difficultés de concentration ainsi que des troubles de la mémoire [2, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13].
Les signes de la ménopause ressemblent parfois à ceux d’autres maladies comme l’hypothyroïdie, un trouble psychiatrique tel la dépression, ou d’autres affections. Il est important à ce moment de la vie de pouvoir en discuter avec un professionnel de la santé (le médecin de famille, par exemple) qui s’assurera de démêler ce qui est lié à la ménopause et ce qui ne l’est pas en réalisant un bilan complémentaire pouvant comprendre des analyses de sang et d’urine, des tests d’imagerie (radiographie/échographie/tomodensitométrie) et d’autres examens requis selon le vécu de chaque femme, ses antécédents familiaux et personnels, ses éventuelles grossesses de même que son état de santé actuel (poids, âge, existence d’un trouble médical) [4, 6, 7].
Miser sur de saines habitudes de vie
Il est important d’avoir une hygiène de vie saine pendant et après la ménopause pour éviter les complications. Le maintien d’un poids santé, de bonnes habitudes de sommeil et la prise en charge de l’apnée du sommeil, une alimentation équilibrée composée de produits le moins transformés possible, le sevrage du tabac, la consommation raisonnable d’alcool et la pratique d’une activité physique hebdomadaire régulière (il est recommandé d’effectuer environ 150 minutes d’activité physique d’intensité modérée ou élevée par séances d’au moins 10 minutes) sont les recommandations formulées par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada [1, 3].
Quel traitement pour la ménopause?
Parmi les options de traitement offertes aux femmes en période de ménopause, mentionnons l’hormonothérapie, les médicaments non hormonaux et certains traitements complémentaires. Comme tout traitement médical, l’hormonothérapie peut, en plus de ses effets bénéfiques, entraîner des effets secondaires, voire être contre-indiquée. Avant de se faire une opinion sur le sujet, il est important d’évaluer la situation de chaque femme et pour cela, une discussion éclairée avec son médecin de famille ou son gynécologue est indispensable. Par ailleurs, il est primordial de prendre en charge les symptômes/complications entraînant des répercussions importantes sur la qualité de la vie (personnelle, professionnelle, sexuelle). La durée du traitement, qu’il soit à base d’hormones ou non, dépend de l’état de santé de la femme au fil du temps et du contexte dans lequel elle évolue et selon s’il répond aux recommandations formulées par la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada [1, 2, 3, 4, 9].
Les solutions de rechange à l’hormonothérapie, en présence d’une contre-indication ou par choix personnel, visent chacun des symptômes. On peut citer les différentes classes d’antidépresseurs et certains antihypertenseurs, bien que les effets de ces médicaments soient moins importants et plus spécifiques à un symptôme particulier. Par ailleurs, certains traitements complémentaires, comme l’hypnothérapie et la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), ont démontré une efficacité (éprouvée et soulignée dans la littérature scientifique) sur les symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur et sueurs nocturnes). Cela dit, certains autres traitements proposés n’ont pas fait la preuve de leur efficacité (aucune étude publiée à cet effet dans la littérature scientifique), soit les produits complémentaires à base de plantes et les techniques parallèles telles que l’acupuncture, la chiropractie et l’homéopathie [1, 2, 3, 6, 12].
Sources13
- Author, N., Chapitre 7 : Prise en charge continue des femmes ménopausées et de celles qui présentent des considérations particulières. Journal of obstetrics and gynaecology Canada, 2019. 41(S1): p. S93-S102.
- Magraith, K. and B. Stuckey, Making choices at menopause. Australian Journal of General Practice, 2019. 48(7): p. 457-462.
- Reid, R., et al., N° 311 - Prise en charge de la ménopause (Résumé/Déclarations Sommaires et Recommandations). 2019. 41: p S29-S35.
- Rees, M., et al., The essential menopause curriculum for healthcare professionals: A European Menopause and Andropause Society (EMAS) position statement. Maturitas, 2022. 158: p. 70-77.
- Yang, Y., et al., Premenstrual Disorders, Timing of Menopause, and Severity of Vasomotor Symptoms. JAMA Network Open, 2023. 6(9).
- Brown, L., et al., Promoting good mental health over the menopause transition. Lancet (London, England), 2024. 403(10430): p. 969-983.
- Chalise, G.D., et al., Health Problems experienced by Peri-menopausal Women and their Perception towards Menopause. Journal of Nepal Health Research Council, 2022. 20(1): p. 102-107.
- Naser, B., et al., Weight gain in menopause: systematic review of adverse events in women treated with black cohosh. Climacteric, 2022. 25(3): p. 220-227.
- Santoro, N., et al., The Menopause Transition: Signs, Symptoms, and Management Options. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 2020. 106(1): p. 1-15.
- Barth, C. and A.-M.G. de Lange, Towards an understanding of women's brain aging: the immunology of pregnancy and menopause. Frontiers in neuroendocrinology, 2020. 58: p. 100850.
- Perger, E., P. Mattaliano, and C. Lombardi, Menopause and Sleep Apnea. Maturitas, 2019. 124: p. 35-38.
- Voedisch, A.J., R. Dunsmoor-Su, and J. Kasirsky, Menopause: A Global Perspective and Clinical Guide for Practice. Clinical obstetrics and gynecology, 2021. 64(3): p. 528-554.
- Welten, S.J.G.C., et al., Age at Menopause and Risk of Ischemic and Hemorrhagic Stroke. Stroke, 2021. 52(8): p. 2583-2591.