Parole de spécialiste — 10 minutes
Le café, bon pour vous ou pas? C'est une question d'ADN.
Si l’on vous disait que votre habituel café ou thé du matin pouvait s’avérer un allié ou un ennemi pour votre santé cardiaque, souhaiteriez-vous savoir ce qu’il en est pour vous ?
Dans ces boissons chaudes et réconfortantes se cache un psychostimulant – la caféine – qui peut avoir une incidence positive ou négative sur votre santé selon l'ADN contenu dans vos gènes.
Les effets de la caféine sur le corps
La caféine est le psychostimulant le plus consommé dans le monde [1]. On en retrouve, bien entendu, dans le café et le thé, mais aussi dans les colas, les boissons énergisantes, le chocolat ainsi que dans plusieurs médicaments sur ordonnance ou en vente libre. Elle est si présente dans nos vies qu’on oublie parfois de se demander si, oui ou non, elle est bonne pour la santé ? Certains soutiennent que oui, alors que d’autres sont d’avis contraire [2].
Devant la montagne de renseignements aujourd’hui accessibles au bout de nos doigts, comment départager ces affirmations ? Il est difficile d’y parvenir, car les effets de ce composé organique sur le corps varient d’une personne à l’autre.
La caféine agit non seulement sur le système nerveux central, mais également sur le système cardiovasculaire. Lorsque consommée de manière sporadique, elle augmente la pression artérielle et dilate les vaisseaux sanguins [2]. Chez certains, ces manifestations immédiates se traduiront par une sensation de bien-être, alors que chez d’autres, elles produiront des palpitations incommodantes pendant quelques heures.
Ces effets immédiats de la caféine sont bien reconnus et documentés. On s’interroge toujours, en revanche, sur les répercussions d’une consommation fréquente à long terme de cette substance sur la santé cardiovasculaire. À cet égard, des recherches supplémentaires sont encore nécessaires.
Les effets de la caféine sur le corps peuvent varier d’une personne à l’autre, puisque chaque personne réagit différemment à ce psychostimulant.
C'est votre ADN qui influence votre réaction à la caféine
Bien que l’âge, l’accoutumance, le tabagisme et la prise de médicaments influent tous sur la réaction à la caféine, la génétique représente aussi une pièce importante du casse-tête. En effet, la vitesse d’élimination peut être jusqu’à 6 fois plus rapide ou plus lente d’un individu à l’autre, selon ses gènes.
Après avoir été absorbée par le système digestif, la caféine circule dans le sang et passe à travers le foie. Dans cet organe se retrouve l’enzyme CYP1A2, dont le rôle est de transformer légèrement la molécule de caféine afin que les reins puissent l’éliminer graduellement dans l’urine [2]. Il existe différentes versions du CYP1A2, programmés par les gènes. Pour simplifier, on distingue une version « rapide » et une version « lente ». Selon que vous possédiez deux versions rapides, deux versions lentes ou une combinaison, vous serez catégorisé comme métaboliseur rapide, lent ou intermédiaire. Cette variation explique pourquoi certaines personnes ne peuvent absolument pas boire de café plusieurs heures avant de se coucher, tandis que d’autres n’ont pas de telles restrictions.
Il a été démontré que les métaboliseurs lents et intermédiaires sont plus à risque de souffrir d’hypertension et de subir un infarctus du myocarde si leur consommation habituelle de caféine dépasse 200 mg par jour (soit 2 tasses moyennes de café filtre ou 3 espressos simples). À l’opposé, les métaboliseurs rapides verraient un effet positif ou nul sur leur pression artérielle et leur risque de crise cardiaque même avec une consommation de 400 mg de caféine par jour [2].
Une consommation « saine » de caféine, peut parfois vous mettre à risque de développer des maladies chroniques si elle ne répond pas aux besoins uniques de votre corps. C’est également vrai pour plusieurs autres aliments et médicaments!
La dépendance et les prédispositions génétiques
Des chercheurs et scientifiques américains ont publiié, en 2024, des liens possibles entre la consommation de caféine et le besoin ressenti. En analysant l’ADN de plus de 130 000 américains, ils ont réussi à identifier des séquences génétiques à l’origine du désir de boire un café, un thé ou un soda ou de manger du chocolat. Ainsi, ce serait le profil génétique de chaque personne qui déterminerait s’il ressent ou non, et à quelle intensité, le besoin de consommer ces produits [4].
À partir d’un échantillon de salive, il est possible de déterminer si une personne a un un métaboliseur lent ou rapide de la caféine. Une information qui pourrait changer la façon dont vous regarderez (ou pas) votre prochaine tasse de café !
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Sources4
- British Coffe Association. Coffe Facts .https://britishcoffeeassociation.org/coffee-consumption/ Consulté le 30 juillet 2024.
- RW vanDam, FB Hu, WC Willet. Coffee, Caffeine, and Health. New england J of Medicine vol 383 no 4, 23 juillet 2020.
- Elsa-Grace Giardina. UpToDate. https://www.uptodate.com/contents/cardiovascular-effects-of-caffeine-and-caffeinated-beverages. Consulté le 30 juillet 2024.
- HHA Thorpe, P. Fontanillas, BK Pham, et coll. Genome-wide association studies of coffee intake in UK/US participants of European ancestry uncover cohort-specific genetic associations. Neuropsychopharmacol. (2024). https://doi.org/10.1038/s41386-024-01870-