Santé A à Z — 6 minutes
Les vaccins à ARNm contre la COVID-19 modifient-ils notre ADN?
La réponse courte à cette question est non. C’est impossible, car l’ARNm contenu dans ces vaccins ne contient pas les instructions leur permettant d’entrer dans le noyau des cellules où se retrouve notre ADN (chromosomes) ou d’intégrer leur ARN à cet ADN.
Pour combattre la COVID-19, deux types de vaccins sont actuellement offerts au Canada.
- Les vaccins à base de vecteurs viraux
- Les vaccins à ARN messager
Les vaccins à base de vecteurs viraux sont utilisés depuis des dizaines d’années. Ceux d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson utilisent un virus inoffensif programmé pour entrer dans les cellules et fabriquer de petites quantités de la protéine S (spike), celle qui permet au virus SRAS-CoV-2 d’infecter nos cellules[1]. Par la suite, notre système immunitaire reconnaît cette protéine étrangère et pourra éventuellement neutraliser les virus qui la contiennent.
Les vaccins à ARN messager de Pfizer/BioNTech et de Moderna fonctionnent différemment. Au lieu d’utiliser un vecteur viral, le vaccin comprend une molécule appelée ARN messager (ARNm) qui contient les instructions nécessaires pour produire la fameuse protéine S. Une fois dans la cellule, ce dernier transmet ses instructions à de petites structures cellulaires appelées ribosomes qui fabriqueront la protéine S. De la même façon qu’avec le vaccin à vecteur viral, notre système immunitaire détecte cette protéine étrangère et apprend à détruire les virus qui la contiennent. Le principal avantage du vaccin à ARNm, c’est qu’il est plus facile à fabriquer que le vaccin à vecteur viral. De plus, on le sait maintenant, il produit moins d’effets secondaires graves comme la formation de caillots (thromboses).
C’est la première fois qu’un ARN étranger est introduit directement dans notre corps à des fins d’immunisation. Comme toute nouveauté, cette technique soulève des inquiétudes et des questionnements. Certains se demandent si l’ARN messager injecté pourrait se retrouver dans nos chromosomes, modifier l’ADN de nos cellules, déclencher certains cancers et faire de nous des organismes génétiquement modifiés (OGM). Voyons pourquoi cela n’est pas possible.
Les relations entre ADN et ARNm
L’ADN, ou acide désoxyribonucléique, est une molécule qui contient toute l’information génétique d’un être vivant. Constituée de deux très longs brins en spirale (la fameuse double hélice), cette information génétique se retrouve dans le noyau de chaque cellule, répartie sur 46 chromosomes chez l'humain. Cependant, à l’extérieur du noyau, les ribosomes ne peuvent pas lire directement l’information génétique de l’ADN pour produire les protéines nécessaires au fonctionnement de l’organisme.
C’est là qu’intervient l’ARNm, ou acide ribonucléique messager. Il s’agit d’une copie d’une petite portion de l’ADN qui contient les informations nécessaires à la production d’une protéine. L’ARNm transporte ces informations dans le cytoplasme (partie de la cellule qui entoure le noyau), où les ribosomes fabriqueront la protéine. Très instable et fragile, l’ARNm se dégrade rapidement tandis que la copie originale demeure intacte dans l’ADN du noyau.
Comment fonctionne le vaccin à ARN messager ?
Le vaccin à ARNm vise à déclencher notre réponse immunitaire en laissant nos cellules fabriquer la protéine du virus. Après l’injection, l’ARNm se retrouve dans le cytoplasme où il induit la synthèse de la protéine S. Comme il lui est impossible d’entrer dans le noyau, il ne peut en aucun cas interagir avec notre ADN, ni modifier nos gènes. Impossible donc de parler ici d’OGM!
Pourquoi certains scientifiques qualifient les vaccins à ARNm de thérapie génique
On estime que, depuis l’origine des vertébrés il y a 500 millions d’années, des bouts de chromosomes viraux ont réussi à s’intégrer aux chromosomes humains [2]. Toutefois, seuls les virus contenant une enzyme appelée « transcriptase inverse » sont capables d’une telle prouesse.
Le SRAS-CoV-2, un ribovirus (virus à ARN), ne contient pas les informations nécessaires pour fabriquer l’indispensable transcriptase inverse qui lui permettrait d’intégrer une copie de son ARN à notre ADN.
Cependant, certains scientifiques, comme le controversé médecin français Christian Perronne, croient que certains bouts de chromosomes viraux que nous avons intégrés depuis la nuit des temps pourraient contenir les instructions pour fabriquer cette transcriptase inverse. Il serait alors possible d’intégrer une copie de l’ARNm de la protéine S du SARS-CoV-2 dans nos chromosomes [3]. Soulignons toutefois qu’aucune des très nombreuses études sur la composition du génome humain n’a pu mettre en évidence une telle possibilité.
Vaccins : mythes et réalités
Face à la gravité et au haut taux de mortalité associés à une infection au coronavirus, la vaccination s’avère une avenue de choix pour mettre fin à la pandémie. Il est vrai que les vaccins peuvent entraîner des effets secondaires, mais, la plupart du temps, ils sont légers (douleur au point d’injection, frissons, fatigue et fièvre) et de courte durée. Dans de rares cas, ils sont plus graves (réactions allergiques, formation de caillots), mais leurs bienfaits sont nettement supérieurs aux risques qu’ils impliquent. Une chose est sûre: la transformation de nos cellules en OGM ne fait définitivement pas partie de ces risques.
Pour du soutien professionnel, nous sommes là.
Nous offrons des services qui peuvent aider votre médecin à diagnostiquer la COVID-19.
- Dépistage de la COVID-19 et test sérologique
- Dépistage des infections respiratoires par PCR multiplex respiratoire
- Dépistage de la COVID-19 pour les voyageurs
Vous avez une ordonnance médicale en main pour l’un de ces tests (non requise pour le dépistage par PRC)? Prenez rendez-vous en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2712.
Sources3
- Rozhgar A. Khailany, Muhamad Safdar et Mehmet Ozaslan. « Genomic characterization of a novel SARS-CoV-2 », Gene Reports, 19:100682, 2020. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7161481/?fbclid=IwAR1TO2yIGuhC--LILkEZMmG5sYveVVrJDsHrBjkdEDTqo3HUiZcrUWCdIBU
- Pierre Barthélémy. « Les humains sont apparentés aux virus », Le Monde, 28 mai 2012. https://www.lemonde.fr/passeurdesciences/article/2012/05/28/les-humains-sont-apparentes-aux-virus_5986230_5470970.html
- « Vaccin ARNm : l’appel solennel du Pr Perronne », France Soir, 3 décembre 2020. https://www.francesoir.fr/opinions-societe-sante/vaccin-arnm-lappel-solennel-du-pr-perronne