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Santé A à Z  —  10 minutes

Un simple antidouleur responsable de la crise des opiacés?

12 janvier 2022
Équipe Biron
Équipe Biron
info@biron.com

Certaines douleurs créent un inconfort passager, alors que d’autres peuvent se prolonger et devenir insupportables. De ce fait, de l’ibuprofène à la morphine, les laboratoires pharmaceutiques cherchent constamment à développer de nouvelles formules toujours plus efficaces et ciblées contre la douleur.

En 1995 est ainsi apparu un médicament annoncé comme ultraperformant, et ce, sans provoquer d’accoutumance. Les antidouleurs dérivés des opiacés ayant la fâcheuse propriété de créer de la dépendance à terme, ce traitement fut perçu comme une grande innovation à l’époque. Soutenu par une forte campagne marketing, il n’a pas tardé à inonder le marché. Seul problème, la promesse d’un produit non addictif et sans danger n’était que pur mensonge.

L’OxyContin, déclencheur de l’une des plus graves crises de santé publique en Amérique du Nord

Il est aujourd’hui démontré que l’OxyContin est un antidouleur qui génère une grande accoutumance. Les spécialistes en santé publique qui se sont penchés sur ce dossier estiment qu’il serait à l’origine de la crise du fentanyl qui sévit en Amérique du Nord depuis le début des années 2 000.

Le laboratoire Purdue Pharma a ainsi été condamné aux États-Unis, en octobre 2021, à verser 4,5 milliards de dollars aux institutions et aux personnes victimes de ses tromperies, car il est maintenant prouvé que la famille Sackler, propriétaire de l’entreprise, était au courant de l’extrême dépendance provoquée par son médicament [1].

L’entreprise a donc plaidé coupable avant de déclarer faillite. On estime pour autant que les bénéfices liés à la vente de ce médicament sur une période de 20 ans seraient largement supérieurs au montant des dommages punitifs.

Bien comprendre les opiacés pour mieux saisir cette crise

Le plant de pavot est réputé pour ses qualités analgésiques (antidouleur) depuis l’antiquité. La morphine, l’un des constituants de l’opium extrait du pavot, est devenue par la suite un traitement médical particulièrement utilisé contre la douleur.

Il est à noter que la morphine est le composé actif de plusieurs substances comme l’héroïne ou la codéine. De nombreux produits ont depuis été synthétisés chimiquement et forment la famille des opioïdes aussi appelés opiacés. Elle se divise en 3 groupes [2] :

Opiacés faibles Opiacés de substitution Opiacés puissants
Codéine
Tramadol
Méthadone
Buprénorphine/naloxone
Morphine
Fentanyl (et dérivés)
Mépéridine
Hydromorphone
Oxycodone
Hydrocodone
Tapentadol

De la simple utilisation d’antidouleurs à la toxicomanie

L’OxyContin, vendu par le groupe Purdue Pharma, est un dérivé d’oxycodone appartenant à la classe des opioïdes les plus puissants. Son pouvoir d’accoutumance est donc immense. De ce fait, des millions d’utilisatrices et d’utilisateurs de ce médicament sont devenus dépendants aux opiacés, alors même qu’on leur promettait, ainsi qu’à leurs médecins, un traitement sans effets indésirables.

« L’OxyContin a été au cœur du tsunami d’opioïdes qui a suivi », estime Benedikt Fischer, chercheur au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto. « La demande pour les opioïdes illégaux a été créée il y a 10, 15 ans par le phénomène de la surprescription de notre système médical », ajoute le chercheur.

Il apparaît ainsi qu’aux États-Unis comme au Canada, les autorités et la profession médicale ont fait preuve d’un certain laxisme dans ce dossier [3].

Maintenant, même si l’OxyContin n’est plus disponible et que Purdue Pharma a été jugée pour sa responsabilité, la crise des opiacés n’est pas terminée pour autant.

Les médicaments n’agissent pas de la même manière pour tout le monde

Notre code ADN rend chacun d’entre nous unique, mais cette singularité peut parfois nous immuniser aux effets des médicaments ou, au contraire, causer des effets secondaires imprévisibles.

Les ravages du fentanyl

L’effet euphorisant de l’OxyContin et son accès facile (bien que ce soit un médicament délivré par ordonnance) ont entraîné des utilisations récréatives de cet analgésique. Du fait de sa grande capacité à créer une accoutumance, certains consommateurs et certaines consommatrices ont fini par se tourner vers des drogues illégales comme l’héroïne. Puis, au début des années 2000, le fentanyl a fait son apparition, principalement en Colombie-Britannique et chez nos voisins du Sud.

Jusqu’à 100 fois plus puissant que la morphine, facile à produire, car d’origine synthétique et donc moins cher que l’héroïne, le fentanyl a ensuite presque totalement remplacé l’OxyContin et l’héroïne dans la rue. À partir de ce moment, le nombre de décès liés aux surdoses a littéralement explosé [4].

Les principaux dangers du fentanyl

  • Un changement infime dans le dosage peut faire la différence entre une euphorie passagère et une surdose mortelle;
  • Le mélange avec l’alcool ou d’autres drogues multiplie les risques de décès;
  • Les différentes drogues en poudre et comprimés trouvés dans la rue peuvent potentiellement contenir du fentanyl sans que les gens qui les vendent ou les achètent ne le sachent [5].

De nombreuses surdoses sont attribuables au fait que les personnes ignoraient complètement que leur drogue contenait du fentanyl.

Le fentanyl tue plus que la COVID-19 dans l’Ouest canadien

En 2020, en Colombie-Britannique, plus de 1550 décès étaient imputables au fentanyl contre 900 à la COVID-19. Au Québec, ce n’était guère mieux avec 547 victimes dues au fentanyl, d’après l’Institut national de la santé publique du Québec (INSPQ).

En fait, plus de 20 000 morts par surdose ont été recensées au Canada entre janvier 2016 et septembre 2020. Aux États-Unis, le gouvernement Trump avait même déclaré une situation d’urgence sanitaire dès 2017 devant l’ampleur de la crise.

La Dre Julie Bruneau, chercheuse au Centre de recherche hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM), estime que la pandémie a empiré la situation. Le suivi et les études ont été plus difficiles à réaliser. La redirection de certains services vers le traitement des patientes et patients atteints de la COVID-19, l’isolement social et la crise du logement ont encore accentué les difficultés des médecins et intervenants à soutenir cette population marginalisée.

La Dre Bruneau parle d’épidémie silencieuse. Elle pense également que si autant de personnes de 20 à 40 ans étaient décédées de la COVID-19 plutôt que de surdoses, la médiatisation de cette situation serait sûrement différente. Elle sous-entend par-là que la vie des toxicomanes n’aurait peut-être pas la même valeur aux yeux des autorités et des médias que celles de citoyens et citoyennes ordinaires [6].

Être vigilant face à la crise des opiacés

Il est sans doute bon de rappeler que la consommation d’antidouleurs n’a rien d’anodin, même pour de simples comprimés d’ibuprofène. Il est important de connaître la composition de ses cachets et de bien respecter la posologie. L’automédication est également à proscrire et un avis médical est recommandé avant d’utiliser certains traitements.

Voici une liste des produits pharmacologiques disponibles pour lutter contre la douleur :

  • Les médicaments non opiacés comme l’acétaminophène et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) pour la douleur légère à modérée;
  • Les médicaments opiacés comme la codéine pour la douleur légère et l’oxycodone ou la morphine pour la douleur aiguë;
  • Les anesthésiques locaux ou topiques comme la lidocaïne et EMLA;
  • Les autres médicaments comme les anticonvulsivants et les antidépresseurs, qui peuvent aussi aider à soulager la douleur [7].

Du fait que certains jeunes sont parfois tentés d’expérimenter, il est également recommandé de faire preuve de vigilance vis-à-vis des substances les plus puissantes contenues dans votre pharmacie personnelle [8].

Enfin, si l’un ou l’une de vos proches est aux prises avec une dépendance, la page de Santé Canada concernant la crise des surdoses constitue une excellente source d’information. Des problèmes de stigmatisation liés à la consommation de drogue à l’utilisation de traitements en passant par les ressources d’aide, cette page couvre tous les aspects liés à ce sujet.

La naloxone, l’antidote qui sauve des vies

La naloxone est un traitement dit antagoniste, capable de neutraliser provisoirement les effets des opiacés. Elle constitue le remède par excellence (et le seul à ce jour) contre les surdoses de fentanyl. Disponible gratuitement en pharmacie sous forme de seringue à injection ou de vaporisateur nasal, elle devrait faire partie de la trousse d’urgence des personnes à risque ou de leurs proches [9].

Pour du soutien professionnel, nous sommes là.

Notre bilan pharmacogénétique pour la douleur peut aider votre médecin à déterminer le traitement le plus approprié et à déterminer le meilleur dosage, basé sur votre ADN. Commandez votre trousse en ligne ou joignez le service à la clientèle de Biron Groupe Santé au 1 833 590-2713.

Sources9
  1. Michel J. (2021, 1er septembre). Crise des opiacés aux États-Unis. https://www.lapresse.ca/affaires/entreprises/2021-09-01/crise-des-opiaces-aux-etats-unis/la-justice-valide-la-faillite-de-purdue-immunite-partielle-pour-les-sackler.php
  2. Équipe Pharmacomédicale.org. (2021, 30 novembre). Opiacées : les points essentiels.https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/opiacees-les-points-essentiels
  3. Lavigne C. (2018, 8 novembre). Les dessous de la crise des opiacées. https://ici.radio-canada.ca/nouvelles/special/2018/11/opioides-purdue-pharma-oxycontin-canada/
  4. Howlett K. (2020, 20 juillet). Crise des opioïdes au Canada. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/canadas-opioid-crisis
  5. Équipe Camh. (2021). Le fentanyl de rue. https://www.camh.ca/fr/info-sante/index-sur-la-sante-mentale-et-la-dependance/le-fentanyl-de-rue
  6. Labrecque A. (2021, 3 juin). Surdoses d’opioïdes : crise à l’ombre de la pandémie. https://www.quebecscience.qc.ca/sante/surdose-opioides-crise-ombre-pandemie/?doing_wp_cron=1640720519.7376658916473388671875
  7. Watson P et Watt-Watson J. (2021). Les médicaments contre la douleur. https://douleurchronique.org/gestion-de-la-douleur-chronique/medicaments/
  8. Gouvernement du Québec. (2019, 16 décembre). Consommation d’alcool ou d’autres drogues ou pratique des jeux de hasard et d’argent : intervenir auprès de votre adolescent. https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/alcool-drogues-jeu/alcool-drogues-jeu-conseils-aux-parents
  9. Équipe Pharmacomédicale.org. (2021, 30 novembre). Opiacées : les points essentiels. https://pharmacomedicale.org/medicaments/par-specialites/item/opiacees-les-points-essentiels
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